lundi 9 février 2015

Se perdre...

Je me sens tourné vers mes propres doutes. Une longue ballade jusqu’à el Puente de la Mujer n’y fait rien, la peur grandit. L'effervescence de l’arrivée est retombée, nous sommes plongés dans le travail. Catherine Marnas, notre chère directrice, nous avait prévenus, Sergio Boris est un metteur en scène qui cherche et qui va tester nos limites... 

Cette ville semble tout décupler, y compris mes réflexions personnelles. Je ne cesse de me questionner sur pourquoi je fais du théâtre. Je m’étonne, car je sens bien qu’à 14 000 km de la France, la création n’est pas la même ; il ne s’agit pas seulement d’air ambiant, mais aussi de dialogues, de choc de culture, de choc théâtral : les Argentins créent avec rien, l’acteur est au centre, et nous, nous arrivons avec notre jeunesse et nos rêves. Sous nos yeux, soudainement, un vide qui effraie et qui fascine. 

Je ne parle pas au nom de mes camarades, je pense seulement qu’un univers nouveau s’est ouvert à moi, comme une énorme crevasse que je ne soupçonnais pas. Un torrent d’émotions me saute à la figure, et je suis happé par le plateau. C’est d’autant plus déroutant que Sergio pense vite, nous met dans des situations pas évidentes, inconnues, et j’explore en moi un autre moi. J’ai toujours voulu me réinventer, et je crois que c’est le rêve de tout acteur qui se respecte. Cependant, se réinventer demande un laborieux travail et une grande humilité, et à mon âge, les défauts brûlants et maladroits de ma jeunesse qui veut tout connaitre, tout voir, tout faire, vivre vite!, et bien, tout cela m’en empêche. Mais peut-être qu’avec Sergio, je peux faire un pas en avant, même s’il est infime, pour atteindre cet objectif que je me suis fixé depuis si longtemps....
Anthony - élève 


À l'Espacio Callejón, le 8 février 2015 © Anthony Jeanne DR


À l'Espacio Callejón, le 8 février 2015 © Anthony Jeanne DR

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