Cela fait des années que la troupe de Claudio
Tolcachir tourne dans le monde entier avec La
Omisión de la familia Coleman. Le metteur en scène argentin a même commencé
avec ce spectacle... en réunissant au départ quelques uns de ses plus proches amis.
Pourtant aujourd’hui, presque dix ans plus tard, le spectacle est présenté non
plus dans la casa chorizo où s’est
installée la compagnie et l’école Timbre 4, mais dans l’un des complexes
théâtraux les plus importants de la capitale.
Dès le début, on comprend que quelque chose cloche
chez les Coleman... La relation ambiguë d’une mère à son fils, les propos
décousus du plus jeune, la violence et le silence de son frère, la réussite
éclatante de l’aînée et une grand-mère qui tombe inexplicablement malade... Des
intuitions, mais jamais de certitudes. Tolcachir nous pousse à penser le pire,
une humanité dérangeante sans jamais la dire. Ou au contraire à apercevoir,
émus, la profondeur de ses personnages.
Ces mots, ce débit si propre aux Porteños, ce
lunfardo* qu’ils utilisent allégrement... Tout prend ici une autre dimension.
Omisión. Omission. On passe sous silence. Mais plus que cela,
on abandonne. Cette omission est incarnée. Elle n’est pas seulement du non-dit,
elle est humaine. Car elle pousse l’un des leurs vers un bord fatal de plus en
plus proche. La mort.
Tout est juste, tout est terriblement humain...
*lunfardo : l’argot de
Buenos Aires
Emmanuelle - coordinatrice des études de l'ESTBA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire